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Eric Deblicker étant coincé à Paris par le séminaire de la nouvelle Direction technique nationale, c’est Francis Gasquet qui a repris du service auprès de son fils. Il ne s’en plaignait pas d’ailleurs, mais, retrouvant momentanément sa responsabilité de coach avant celle de père, regrettait que Richard ait connu mardi, au premier tour, un petit coup de moins bien face au Serbe Janko Tipsarevic alors qu’il menait comme à la parade 6-1, 2-0...

Hier, contre Jaime Delgado, un autre joueur peu dangereux sur le papier mais redoutable sur gazon puisqu’il est anglais, Gasquet se comporta remarquablement pour s’imposer en 52 minutes (6-4, 6-1) et venger son copain Gaël Monfils qui avait perdu la veille face au même adversaire.
Voir Gasquet évoluer sur herbe lorsqu’il est bien concentré sur son jeu commence à devenir un vrai régal.
Sans forcer, il distribue le jeu en s’appuyant sur un service d’une efficacité redoutable, surtout lorsqu’il le slice. Et du fond du court, en bon équilibre sur ses appuis, ce qui n’est pas évident sur gazon, il se montre très à l’aise pour distribuer de grandes gifles de coups droits et d’excellentes accélérations de revers qu’il recouvre ou slice à volonté. À cela, il ajoute la volonté d’aller finir les points au filet et se permet de temps en temps un enchaînement service-volée.

Le bon timing

Mardi, l’ancien champion polonais Wotjek Fibak, qui était sans doute le meilleur tacticien et joueur de balle de sa génération, ne cachait pas son admiration pour le jeu de Gasquet sur gazon avec juste un bémol. « Richard a tout ce qu’il faut pour bien jouer sur cette surface, on le sent très à l’aise. Il passe sans problème du revers lifté qu’il joue habituellement sur les autres surfaces à un revers coupé dont l’efficacité est redoutable sur gazon. Le seul point sur lequel il lui faut travailler, c’est une plus grande utilisation de son coup droit. Même s’il a un grand revers, ce n’est pas avec ce coup qu’il marquera des points par séries. Alors, il faut qu’il se force à se décaler du côté coup droit lorsqu’on joue une balle sur lui au lieu de jouer son revers. Sinon, c’est réjouissant de voir la facilité avec laquelle il évolue. »

Dommage que Fibak ne l’ait pas vu jouer hier car la démonstration de Gasquet face à Delgado fut impressionnante à partir du moment où il dut sauver deux balles de break à 3-3 au deuxième set. Cette double alerte passée, il s’envola, ne laissant plus que deux jeux à son adversaire. Et alors que, la veille, on l’avait vu réussir une série de cinq jeux sur son service en ne cédant qu’un seul point, cette fois, après avoir sauvé les deux balles de break, ce sont six jeux de service qu’il aligna en ne laissant là encore qu’un seul point à l’adversaire.
Peu enclinà l’autosatisfaction, Richard Gasquet buvait du petit lait après le match : « Là je suis franchement satisfait de ce que j’ai fait. Après les deux balles de break, j’étais super concentré, j’avais le bon timing et tout rentrait. C’était une sensation très agréable d’aligner des séries de points et de tenir comme ça jusqu’à la fin. Par rapport au premier tour, j’avais un adversaire d’un niveau supérieur sur gazon. »

Avec deux matches gagnés, Gasquet se trouve maintenant en huitième de finale où il rencontrera le Croate Mario Ancic.« Celui-là, c’est un des meilleurs joueurs du monde sur gazon. Il était en demi-finale de Wimbledon l’année dernière. Mais ça me plait de me trouver en face de lui. Je vais voir ce que je vaux par rapport à un joueur de sa classe. De toute façon, quoi qu’il arrive, j’aurai joué trois matches de simple pour mon premier tournoi sur herbe, c’est déjà un bon point. »

Mais une victoire ne lui déplairait pas, ne serait-ce que pour être encore qualifié vendredi (le jour où Eric Deblicker arrivera à Londres), et montrer à son coach comment il se débrouille sur cette surface que peu de joueurs qualifiés de spécialistes de la terre battue arrivent à apprivoiser.

A la une : TOUJOURS PLUS VERT

Vainqueur hier d’Ancic, tête de série no 5 du tournoi, le Français dispute, aujourd’hui, les quarts de finale du Queen’s, tout comme Sébastien Grosjean. (Page 10)

Gasquet frappe fort

En battant Mario Ancic, demi-finaliste 2004 à Wimbledon, le Français a réalisé son premier grand exploit sur gazon.

CETTE FOIS, le doute n’est plus permis : Richard Gasquet est un excellent joueur de gazon.Après ses résultats prometteurs obtenus en début de semaine sur Janko Tipsarevic et Jamie Delgado, il est entré dans la cour des grands en éliminant hier en trois sets (7-5, 1-6, 6-3) le Croate Mario Ancic, demi-finaliste à Wimbledon l’année dernière, considéré, au même titre que son illustre compatriote Goran Ivanisevic, comme l’un des tout meilleurs spécialistes du jeu sur herbe. La veille du match, Gasquet s’estimait content d’avoir la chance de s’étalonner face à cet adversaire qui impose le respect.
Après sa victoire, il ne cachait pas sa satisfaction. « Alors là, je suis vraiment content ! Je viens de battre l’un des meilleurs joueurs du monde sur gazon en faisant moi-même un super match. Ce n’était pas facile, il y a eut une grosse bagarre au premier set que j’ai remporté en servant et en retournant très bien. Au deuxième, il a haussé son niveau de jeu et moi j’ai manqué un peu de tonus, et puis, au troisième, j’ai réussi à le breaker d’entrée et à conserver par la suite mon service sans avoir une seule balle de break à sauver. C’est quelque chose dont je peux être satisfait. »

Il pouvait être content car, si Ancic ne s’était pas procuré d’occasions de revenir à égalité au troisième set, tout le mérite en revenait à Gasquet, le meilleur au service, le meilleur en retours, le meilleur en fond de court. Le score aurait d’ailleurs pu être plus sévère pour le Croate puisque Gasquet se procura une balle de match sur service adverse à 5-2.

«Je ne me suis pas inquiété de l’avoir laissée échapper (un retour de revers dans le couloir) ni de voir Ancic gagner les deux points suivants. Lorsque ça a été àmon tour de servir pour lematch, je n’étais pas du tout contracté et j’ai gagné le jeu blanc. »

Agressif et autoritaire, voilà l’image que donne Gasquet depuis le début du tournoi. Mais il ne se contente pas que de ça. Que ce soit en simple ou en double, il met à profit chaque match qu’il dispute pour améliorer son jeu. « Par rapport à ce que je faisais lorsque je suis arrivé à Londres, je me rends compte en m’habituant au gazon que je suis de plus en plus à l’aise. Avec les balles qui rebondissent très bas, je fléchis de mieux en mieux les genoux, je juge aussi beaucoup mieux la vitesse, je vois bien les coups à jouer. Tout cet enchaînement de matches me permet
d’avoir une préparation idéale pour Wimbledon. »

Source : L'Equipe et remerciements à Patricia