Richard Gasquet, la gloire enfin au bout de la raquette ?
Date: 26 avril 2005 à 17:20:40 CEST
Sujet: Presse (Francais)


Pour Richard Gasquet un dimanche ressemble à un autre dimanche. Qu'il pleuve ou qu'il vente, le scénario est immuable. Tennis, déjeuner, parcours en VTT, footing ou musculation. Parfois les deux....

Depuis six mois, Richard Gasquet met les bouchées doubles.

Ses déboires avec Eric Winogradski et Tarik Benhabiles, son association éphémère avec Andreï Chesnokov appartiennent à l'histoire : « Je n'ai jamais triché. Au contraire, je me suis toujours beaucoup investi. Mais j'avais 16 ans », justifie Richard. A vrai dire, le Sérignanais préfère zapper sur cette période agitée.

A l'image des gamins de son âge, il regarde droit devant. Peut-être a-t-il peur de voir resurgir les vieux démons du passé, les reproches qui ponctuèrent ses caprices et ses abandons.

Gasquet positive. Cette métamorphose, il la doit d'abord à lui-même et aussi à un entourage qui a su comprendre ses états d'âme de jeune homme en transit pour la vie d'adulte. Cela saute aux yeux, Gasquet maîtrise mieux son sujet. Papa est toujours présent. Mais il a fini par accepter de se mettre en retrait. L'engagement de Deblicker était d'ailleurs à ce prix : « Le patron, c'est moi », avait d'ailleurs lancé ce dernier à Bercy, au moment de signer un pacte avec le petit roi Richard. Qui le lui rend bien : « C'est super de travailler avec Eric Deblicker. Il m'a donné confiance. Je suis prêt à l'écouter, à être sérieux même si je dois souffrir. Il y a six mois, j'aurais été incapable de battre Roger Federer. Cette perf'à Monte Carlo concrétise mes efforts. J'ai envie de progresser encore, de gagner. Notamment à Roland-Garros où j'ai toujours perdu au premier tour. J'aimerais bien disputer la Coupe Davis au mois de juillet à Moscou ».

Gasquet a la rage de vaincre vissée au corps. Lui dont on mettait en doute les capacités à se sublimer, s'est mué en guerrier. La méthode Deblicker porte visiblement ses fruits : « Si tu te donnes à fond, il ne peut rien t'arriver. Ilfaut que tu te battes comme un chiffonnier sur le court. Que tu sortes rincé. Quand tu auras compris ça, tu pourras voyager. »

Pour en arriver là où il en est aujourd'hui, Gasquet a mouillé la chemise, mis son orgueil au rancart. Au lieu de bosser une heure et demie, il s'est astreint à un travail de galérien afin de se mettre en conformité avec les exigences d'un match en cinq sets. Trois heures et demies à fond la caisse. Ce fut le tarif cet hiver : « C'est indispensable quand on veut jouer un rôle dans un tournoi du Grand Chelem, notamment à Roland-Garros. Richard ne connaissait pas ses limites physiques. Il pensait ne jamais pouvoir supporter de telles doses d'entraînement. S'il a tenu le coup contre Nadal, après avoir livré un match titanesque face à Federer, c'est parce qu'il a derrière lui un bagage foncier qu'il ne possédait pas auparavant », confirme Deblicker.

Ce que le coach ne dit pas, mais qu'il pense, c'est que la percée de Gaël Monfils l'a aussi piqué au vif. Monfils est un véritable "showman". A Bercy, il a su mettre le public dans sa poche, échanger, entraîner la foule dans son éclosion. Un truc que Gasquet, l'introverti, n'a jamais osé faire. Rien de tel que la concurrence pour révéler les caractères. Rien de tel aussi qu'un bon conseil en communication pour briser les barrières de la timidité.

Le passage de l'enfance à l'adolescence est un cap délicat. Celui de l'adolescence au monde adulte est plus périlleux encore. Deblicker, qui n'en est pas à son coup d'essai avec les jeunes, a tout de suite intégré la nécessité de s'adjoindre le concours d'un professionnel afin de peaufiner cette personnalité enfouie sous les draps de la petite enfance : « Un joueur doit maîtriser les contacts avec la presse. Savoir livrer ses sentiments. J'ai donc fait appel à des journalistes afin qu'ils expliquent à Richard ce qu'ils attendaient de lui. Et j'ai sollicité Alain Gonzalez pour qu'il sonde le personnage et l'aide à s'épanouir à travers le dialogue. »

Richard Gasquet ne sera jamais un tribun. Les progrès qu'il a accomplis montrent pourtant que l'esprit et le corps sont indissociables dans le processus d'épanouissement. S'il paraît bien dans sa peau, s'il s'éclate sur les courts et bouscule la hiérarchie, c'est parce qu'il commence à se libérer de ses angoisses.

Une grosse dose de talent, une assiduité et un investissement quotidien à l'entraînement, un entourage compétent et dévoué, une famille à l'écoute. Le puzzle reconstitué, Gasquet a enfin pris son envol pour la gloire.

L'épisode Federer ? Il l'a déjà oublié. Preuve qu'il a mûri et qu'il ne risque pas d'être emporté par le démon de la célébrité. Cette célébrité qu'on lui promet et devant laquelle il est prêt à succomber le moment venu.


Textes Jacques FRENE

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